J.O. 166 du 20 juillet 2007       J.O. disponibles       Alerte par mail       Lois,décrets       codes       AdmiNet
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Décision du 11 juin 2007 interdisant des publicités pour un médicament mentionnées à l'article L. 5122-1, premier alinéa, du code de la santé publique, destinées aux personnes appelées à prescrire ou délivrer ces médicaments ou à les utiliser dans l'exercice de leur art


NOR : SJSM0721786S



Par décision du directeur général de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé en date du 11 juin 2007 :

Considérant qu'il ressort notamment des dispositions de l'article L. 5122-2 du code de la santé publique que la publicité doit respecter les dispositions de l'autorisation de mise sur le marché ;

Considérant que les laboratoires Wyeth, Coeur Défense, tour A, La Défense 4, 92931 Paris-La Défense Cedex, ont diffusé neuf publicités relatives à la spécialité Tygacil - diaporama, aide de visite, documents légers d'information, affiche, fiche signalétique et porte-TAP ;

Considérant que la première partie du diaporama et de l'aide de visite rappelle l'environnement des pathologies traitées par Tygacil, à savoir les infections compliquées de la peau et des tissus mous et les infections intra-abdominales compliquées, et axe la communication sur les bactéries multirésistantes : Staphylococcus aureus résistant à la méticilline (SARM) et entérobactéries sécrétrices de bêta-lactamases à spectre étendu (BLSE).

Les deux documents concluent cette première partie par les allégations suivantes :

- « les infections compliquées de la peau et des tissus mous et les infections intra-abdominales compliquées : souvent polymicrobiennes et mixtes + émergences de bactéries multirésistantes (BMR) + des facteurs de risque d'infections à BMR fréquemment rencontrés chez les patients hospitalisés. Quel traitement probabiliste ? » dans le diaporama ;

- « un spectre large couvrant des germes à Gram + et à Gram -, aérobies et anaérobies et incluant des BMR : les SARM et des entérobactéries BLSE + » référencée par l'autorisation de mise sur le marché de la spécialité, lors de la présentation du spectre d'activité de Tygacil, pour l'aide de visite.

Les pages 30 et 31 de l'aide de visite et les pages 77 et 78 du diaporama rappellent les indications de Tygacil « infections compliquées de la peau et des tissus mous et infections intra-abdominales compliquées » et mettent ensuite en exergue « en traitement probabiliste, en cas de suspicion d'infections polymicrobiennes et/ou mixtes, y compris chez les patients à risque de BMR : SARM et entérobactéries BLSE + ».

Par ailleurs, l'aide de visite développe, d'une part, les résultats des deux études pivots concernant les infections compliquées de la peau et des tissus mous, comme le diaporama et le porte-TAP et, d'autre part, les résultats des deux études pivots concernant les infections intra-abdominales compliquées, en termes de taux d'éradication par type de germes dans la population microbiologiquement évaluable, en différenciant notamment le SASM et le SARM. Ces présentations mettent en exergue les résultats concernant les SARM et privilégient la spécialité Tygacil du fait d'un taux d'éradication de la bactérie de 78,1 % pour Tygacil versus 75,8 % pour vancomycine associée à l'aztréonam pour les infections compliquées de la peau, et de 75 % (correspondant à 3 patients sur 4) pour Tygacil versus 33 % (correspondant à 1 patient sur 3) pour l'imipénem associée à cilastine dans les infections intra-abdominales compliquées.

Enfin, la dernière page du porte-TAP allègue « efficacité démontrée sur les germes communément impliqués dans les infections de la peau et des tissus mous Staphylococcus aureus (méti-R et méti-S) » ;

Considérant que le compte rendu de symposium intitulé « Bactéries multirésistantes : épidémiologie et implications thérapeutiques », paru en édition spéciale dans le journal de la Société de réanimation de langue française, Réanimation, développe trois articles dont ceux de M.-H. Nicolas-Chanoine et de R. Leclercq. L'article de M.-H. Nicolas-Chanoine intitulé « Entérobactéries sécrétrices de bêtalactamases à spectre étendu » présente entre autre l'épidémiologie et la diversification des BLSE. L'article de R. Leclercq intitulé « Staphylocoque doré résistant à la méticilline » présente entre autre l'épidémiologie du S. aureus résistant à la méticilline (SARM). Un paragraphe consacré à la présentation de nouveaux antibiotiques dans les infections à SARM cite notamment Tygacil et met en exergue : « L'activité de la tigécycline sur S. aureus est documentée par des études in vitro portant sur plusieurs milliers de souches de phénotype varié. Elles se sont presque toutes révélées sensibles, seules quelques souches étaient intermédiaires », avec un renvoi à un tableau détaillant la CMI de Tygacil sur différentes souches de Staphylococcus aureus ;

Considérant que deux documents légers d'information traitent de cas cliniques, celui de M. François D. souffrant d'un syndrome douloureux de l'hypochondre droit et celui de M. Pierre B. souffrant d'une infection de paroi. Les pages suivantes présentent les éléments susceptibles d'orienter le choix de l'antibiotique à administrer au patient. Les allégations suivantes sont mises en exergue :

- « Augmentation du risque d'infections à germes résistants (staphylocoque doré résistant à la méticilline et bacilles à gram négatif type BLSE) » et « Pourquoi peut-on prescrire Tygacil dans ce cas ? Tygacil est indiqué en monothérapie dans les infections intra-abdominales compliquées. Patient à risque de SARM. Patient à risque de BLSE » pour le cas de M. François D ;

- « Les germes à cibler dans cette infection compliquée de la peau et des tissus mous : staphylocoque doré, notamment le SARM, Streptococcus pyogenes, bacilles Gram - notamment E. cloacae en raison de l'écologie du service » et « Pourquoi peut-on prescrire Tygacil dans ce cas ? Tygacil est indiqué en monothérapie dans les infections compliquées de la peau et des tissus mous. Actif sur le SARM. Actif sur des BGN et notamment sur Enterobacter cloacae » pour le cas de M. Pierre B.

De plus, les pages 6 des deux documents présentent le spectre d'activité de Tygacil avec l'allégation suivante : « un spectre large couvrant des germes à Gram + et à Gram -, aérobies et anaérobies et incluant des BMR : les SARM et des entérobactéries BLSE + » référencée par l'autorisation de mise sur le marché de la spécialité ;

Considérant que le poster et la fiche signalétique mettent notamment en exergue « large spectre (incluant les SARM et les entérobactéries BLSE +) » référencé par l'autorisation de mise sur le marché ;

Considérant que le quiz présente cinq questions dont la suivante : « Quelles sont les bactéries incluses dans le spectre de Tygacil ? Cinq réponses sont proposées : « Les SARM, les entérobactéries BLSE, Klebsiella pneumoniae, Pseudomonas aeruginosa, les entérocoques ». La page suivante propose la réponse suivante : « SARM ; les entérobactéries BLSE + ; Klebsiella pneumoniae ; les entérocoques. Pour plus de détails sur le spectre d'activité antibactérienne, voir le RCP de Tygacil » ;

Considérant que cet axe de communication n'est pas conforme à l'autorisation de mise sur le marché de la spécialité, qui n'a pas validé d'indication spécifique dans les infections compliquées de la peau et des tissus mous dues aux SARM dans la mesure où les données cliniques étaient insuffisantes. En effet, dans les deux études pivots concernant les infections compliquées de la peau et des tissus mous, seulement 31 patients (sur les 279 patients microbiologiquement évaluables, soit 11 % des patients) dans le groupe Tygacil avaient une infection à SARM, parmi lesquels 24 ont été déclarés en succès clinique. De plus, Tygacil n'a pas obtenu l'indication revendiquée lors de la demande de l'AMM en décembre 2004, à savoir : « infection compliquée de la peau et des tissus mous incluant les SARM » du fait d'un faible nombre de patients inclus dans les études cliniques ayant une infection à SARM ;

Considérant en outre que l'axe de communication sur les entérobactéries sécrétrices de bêtalactamases à spectre étendu (BLSE) n'est pas fondé, en l'absence de données cliniques dans cette population. En effet, le faible nombre de patients ayant une infection à entérobactérie BLSE inclus dans les différentes études ne permet pas de conclure à l'efficacité clinique de Tygacil ;

Considérant qu'ainsi ces documents sont contraires aux dispositions de l'article L. 5122-2 susmentionnées du code de la santé publique,

les publicités, sous quelque forme que ce soit, pour la spécialité pharmaceutique TYGACIL, reprenant les allégations mentionnées ci-dessus, sont interdites.